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Oannesia
17 novembre 2007

Atterrée...

oannes_rel_ve

Allongée dans l'herbe dans cette clairière, ma tête sur cette pierre, dure ,verdie de lichens. Mon mal de crâne perdure.
Un effort de forcenée pour relever mon corps... mes membres semblent prêts à se disloquer tant la terre m'accroche à elle... grossière et pesante.

Terre, désespérante terre... humiliante terre des vérités humaines...
"La mer est aux pêcheurs"; disent les coeurs morts nés des âmes bornées. Et la Terre? Aux bêtes de somme, animaux sédentaires attachés à leurs poussières, mineurs barbares aux instincts grégaires...
Poussières, vous n'êtes  que poussières... et je suis l'eau amère...
La gorge sèche, je sens se cristalliser en moi les rêves qui contractent soudain une lourdeur minérale...

Terre, atterrante terre... faite de chair et de sang, de morts, de luttes et de colères.
Terre de douleurs où j'ai souffert, servile, des humeurs irrégulières de cette mère tératogène... mes déchirements embryonnaires...
J'ai commis des impairs la laissant entrevoir des horreurs sur des incertitudes, des chimères lui permettant ainsi d'errer dans ses vérités passagères sur mon père ... si sévères vérités passagères... qu'elle déversait sans remord sur le coeur de mes soeurs.

Battement de cils pour regarder ailleurs, effacer les désarrois et l'amertume... pour reposer mes yeux qui brûlent à la lumière des torches en feu.
Larvaire, je suffoque encore dans cette atmosphère délétère...

Mes soeurs aperçoivent les retardataires... Cynandrène et mon frère... cachés derrière les arbres.
Naguère, dans les ténèbres de mes jours, j'étais si proche de mon frère, débonnaire dans mes instants d'écoeurement envers cette terre et cette mère... mensongères...

Terre... qui s'inserre dans les pores de mon corps...
Je pense aux battements de son coeur sur sa peau aux couleurs de ses cauchemars. Sur cette terre, je fus la première. Sans attendre rien de ses bras, craignant d'être découverts, je lui avais abandonné les mystères de ma nature dans une brume passagère près des nénuphars de la rivière...

Mouvement arrière sur cette terre, je médite sur mes désirs d'hier dans le rétroviseur du présent sans lumière. J'étais la première, soeur de misère, je confondais mon amour à sa terre mercenaire.
Mon corps aguerri et mon coeur terrorisé, rongés d'assauts intérieurs ne feront que se taire

sur cette terre...

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Oannesia
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